T on oncle & ton mari viennent d’arriver ; monsieur De Longepierre gai, bruyant ; monsieur D’Alzan réservé, modeste, presque honteux ; croyant apparemment que tout le monde lit dans ses yeux, le secret de son cœur. […] Tous les Spectacles inventés par les hommes, offrent aux yeux du corps & de l’esprit, des choses réelles ou feintes : voici comme on envisage ce genre de plaisir. […] Il y a bien de la différence entre peindre aux yeux, comme on le fait dans nos plus mauvaises Comédies, un jeune fou, qu’une jeune folle aime en dépit d’un père ou d’un tuteur ; entre, les voir tout employer pour parvenir à leurs fins par des tromperies ; & aller soi-même s’occuper à leurrer une fille, fourber d’honnêtes parens, pour les forcer à légitimer par leur consentement une union tout-à-fait opposée à leurs vues. […] Les Ministres les plus avoués de cette Religion atrabilaire, privent les peuples qu’ils se sont asservis, de ces divertissemens honnêtes, où la Jeunesse des bourgs, dans les temps qui suivirent la création, retraçait aux yeux des Vieillards le printemps d’une vie que les glaçons de l’âge allaient éteindre ; où de jeunes filles, quittant pour un moment la contrainte ; acquéraient des grâces & de la souplesse. […] D’habiles Physiciens ont pensé, qu’il se fesait continuellement par les yeux des personnes passionnées, des amoureux, ou des femmes lascives, une émanation d’esprits infiniment projectiles, qui communique insensiblement à ceux qui les écoutent & les regardent, les mêmes agitations dont ils sont affectés.