Cette passion était aussi forte alors qu’elle l’est aujourd’hui ; et les Poètes ne se croyaient pas obligés pour cela d’en représenter toute la force aux yeux des spectateurs : C’était pourtant en ce temps-là que Périclès était charmé de la sage Aspasie, à la prière de laquelle il entreprit la conquête de l’Ile de Samos. […] Sophocle n’est pas moins religieux qu’Euripide en de pareilles occasions ; et l’on dirait qu’il avait appliqué aux Poètes et à ceux qui travaillaient pour le Théâtre, la belle leçon que lui fit un jour Périclès, en parlant des Magistrats, « qu’il fallait qu’ils eussent non seulement les mains nettes ; mais encore la langue pure, et les yeux chastes d. » C’est ainsi que ces Poètes en ont usé. […] C’est pourtant ce qui fait tout le jeu du Théâtre, c’est ce qui fait paraître toute la tendresse et tous les embarras d’Agamemnon, c’est ce qui donne occasion à ces beaux Vers qui obligent de se récrier, et à ces tendres sentiments qui tirent les larmes des yeux de tout le monde.