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19. (1758) Réponse pour M. le Chevalier de ***, à la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles [Essais sur divers sujets par M. de C***] « Réponse pour M. le Chevalier de***, A la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles. » pp. 128-142

C’est justement le cas où vous vous trouvez, Monsieur : il falloit examiner par vous-même ; on ne voit jamais bien par les yeux des autres ; on ne peut rapporter les choses que selon l’idée qu’on s’en forme, & nos sensations sont toutes différentes : d’ailleurs, il est difficile de trouver un homme désintéressé : enfin vous deviez vous exposer au danger, si vous vouliez remporter une gloire solide & méritée. […] Non, Monsieur, ceux d’entr’eux qui liront votre brochure vous plaindront de négliger la partie la plus brillante de notre littérature, & porteront au spectacle l’arrêt de votre condamnation : pour moi je fais plus, j’entreprends aujourd’hui de le justifier à vos yeux. […] & cette seule crainte n’est-elle pas capable de lui faire ouvrir les yeux, & de l’arrêter au bord du précipice où la passion l’alloit précipiter ? […] Vous avez du sentiment, les beaux morceaux doivent vous toucher ; le livre est sous vos yeux ; vous méditez, vous avalez à longs traits le venin que l’auteur a répandu dans les vers que vous admirez ; enfin, vous faites vous-même le rôle du comédien que vous condamnez si sévérement. […] Du reste tout y est dans la plus exacte décence, & rien n’y choque les yeux.

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