Les Dames Romaines, aussi tendres et plus décentes que les Françaises, s'y livrèrent avec fureur, jusqu'à refuser la grâce au vaincu qui leur tendait les mains, ordonner brutalement sa mort, et suivre de l'œil avec plaisir le poignard qui l'égorgeait, jusqu'à se faire gladiatrices et se mêler dans l'arène avec les gladiateurs. […] A la place des gladiateurs, combien de temps n'ont pas été en vogue ces tournois sanguinaires où par une valeur féroce la noblesse rompait des lances, se battait à fer émoulu, sous les yeux des Princes, et où les Dames spectatrices, par un mélange odieux de douceur et de barbarie, employaient leurs charmes à animer les combattants, se plaisaient à les voir répandre le sang pour leur gloire, en invoquant leur nom, et distribuaient des couronnes aux vainqueurs. […] fait-elle voler, assassiner sur l'échafaut, en place publique, pour mettre sous les yeux le forfait qu'elle punit ? […] Une femme qu'on dit avoir de la beauté, dans les airs, à demi nue, qui se défigure elle-même par les convulsions de ses mouvements, les contorsions de ses gestes, la fureur de ses regards, ses traits enflammés, sa bouche tremblante, son rouge et sa pâleur ; est-il rien de plus hideux et pour les yeux et pour le cœur ? […] Elle se familiarisera sans défiance avec des passions où elle espérera les mêmes douceurs, et ce ne sera qu'après le crime qu'une funeste expérience lui ouvrira trop tard les yeux, si même, ce qui est ordinaire, la passion ne l'a totalement aveuglée ou a pris sur elle un ascendant auquel on ne résiste plus.