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124. (1822) De l’influence des théâtres « [De l’influence des théâtres] » pp. 1-30

Dès lors, plus de bornes à l’imagination, le théâtre Allemand et le théâtre Anglais étalèrent à Paris toutes les beautés des deux langues, arrangées pour des oreilles plus délicates, et les yeux s’accoutumèrent par degré aux incidents forcés, aux situations effrayantes ! […] Une place prise à la représentation de l’Orphelin Soldat 47, composait le grief ; mon Rodrigue ne voulut pas faire moins que l’un des personnages de ce mélodrame, il perça le bras de son adversaire, mais en lui portant le coup, son œil rencontra la pointe de son antagoniste et s’éteignit pour toujours. […] Mes deux champions étaient déjà rentrés dans Paris, je n’avais pas même jeté les yeux sur la carte que le jeune homme m’avait glissée dans la main, en me laissant à ma place, livré aux plus philosophiques des réflexions sur les effets, les causes et les suites de ce qu’on veut bien nommer le point d’honneur. […] Dans le renfoncement d’une boutique sans faste, j’entrevis une élévation, décorée de papier tenture et dont la superficie n’offrait à l’œil qu’une table de dix ou douze couverts, sur laquelle gesticulaient cinq à six personnes d’assez piètre mine. […] … Mais le Gymnase ne l’a pas devancé de beaucoup, il a toute latitude ; et si les anciens privilégiés du boulevard doivent se plaindre tout bas du dernier arrivé, de quel œil l’Opéra Comique doit-il voir son cadet lever fièrement la crête au boulevard de Bonne-Nouvelle ?

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