/ 370
95. (1640) Traité des Spectacles des Gentils « SAINCT CYPRIAN DES SPECTACLES. » pp. 155-193

Comme il m’est extremement sensible de me voir hors des occasions de vous escrire (car de tous les maux que ie souffre depuis que ie suis en exil, celuy qui m’afflige le plus c’est de ne vous pouvoir entretenir) aussi m’est-il impossible d’exprimer la ioye que ie ressens, quand ie vous puis tesmoigner mes soins, & vous faire auoüer que pour estre separés de corps nous ne le sommes pas d’esprit ; & certes ie m’imagine estre parmy vous autres toutes les fois que ie vous visite de mes lettres. Car encore que vous ne doutiez point de la verité de mes paroles, & que vous sçachiez bien que ie ne suis pas d’humeur à vous faire compliment ; i’ay voulu neantmoins dissiper le soupçon que vous pourriez auoir de ma fidelité, vû que la plus asseurée preuue d’vne amitié veritable, c’est de ne laisser passer aucune occasion pour en donner les tesmoignages. […] Ie ne veux point m’informer s’il a fait du mal en tant de dangereuses occasions, mais le reprendre seulement du hasard où il s’est mis d’en faire ; car au moins a t’il esté tesmoin de beaucoup de méchancetés : & ces mesmes yeux qu’il porte au Spectacle des Idolatres, sont les yeux qu’il a soüillé n’agueres par le rencontre de mille objets impudiques.

/ 370