« Coutume abominable, dit-il, défendue par la loi de Dieu, que l’Université avait quelque temps souffert, je ne sais pourquoi, et qu’on a sagement interdite. » Sur quoi il cite un fort habile et pieux Professeur, qui témoigna en mourant un regret extrême d’avoir suivi cette coutume, qu’il savait avoir été pour plusieurs écoliers une occasion dé dérangement. […] La malignité ajoute que les écoliers les mieux faits y sont habillés en femmes, avec du rouge, des mouches ; qu’à l’occasion de ces représentations les femmes entrent, se répandent dans les pensionnats et les collèges, se placent à une fenêtre pour voir la pièce, qu’elles vont dans les chambres des écoliers, des Religieux, y sont accueillies et régalées ; que tout cela est précédé, accompagné, suivi d’un nombre infini de visites, de conversations, de repas, de lectures, qui ne sont rien moins que des leçons de spiritualité, et qui font perdre un temps infini aux Régents, aux acteurs, à toute la classe ; qu’on y appelle des acteurs, des danseurs, des violons de l’opéra, qui se mêlent avec les écoliers, et ne les conduisent point à la plus haute sainteté. […] Or ces règles veulent qu’on ne représente des pièces de théâtre dans les collèges que très rarement, que le sujet en soit pieux, qu’elles soient toujours en latin, même dans les entractes, qu’aucune femme n’y soit admise, qu’aucun acteur n’ait des habits de femme ; que pour anéantir jusqu’à l’occasion et au prétexte, on distribue les sujets de sorte qu’il n’y entre aucun rôle de femme. […] Le Journal des Savants, la République des Lettres, l’Histoire des ouvrages des Savants, etc., ne se sont jamais amusés à ces frivoles analyses, aux débuts des Actrices, aux compliments des Acteurs, et ne parlent des spectacles qu’en passant, par occasion, comme d’un objet inutile et dangereux.