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261. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Suite d’Elisabeth d’Angleterre. » pp. 33-82

Toutes deux pleines de vanité & de faste, éprises de leur beauté, occupées de leur parure ; mais comme Elisabeth avoit besoin de l’attache du Parlement, les Finances Angloises étant mieux économisées, le courant des dépenses plus modérées, & les prodigalités réservées pour les occasions d’éclat ; Catherine dépensoit le bien de son mari & de ses enfans ; elle lâchoit sur le peuple une meute de Financiers comme une meute de chiens sur le gibier. […] Il est certain que ses partisans même en conviennent qu’Elisabeth ne fut jamais dévote, même dans la Religion qu’elle professoit : jamais aucun exercice de piété dans la journée, elle alloit rarement à l’Église, & n’y paroissoit que comme à la salle d’audience ; pour se donner en spectacle avec la plus grande pompe dans les occasions d’éclat ; on l’y voyoit toujours distraite, sans attention, sans respect à la prière au service, à la parole de Dieu ; elle n’aimoit point les Sermons, & quand il lui plaisoit, elle interrompoit & faisoit descendre le Prédicateur, prétendant avoir le droit de le faire en qualité de Gouvernante de l’Église, au spirituel & au temporel elle disoit que deux ou trois Prédicateurs suffiroient pour tout un pays, à la mort même elle ne donna aucun signe de piété, & renvoya fort brusquement son Évêque qui lui faisoit quelque exhortation. […] Le massacre de la Saint Barthelemi, dont en bonne Protestante, elle devoit avoir horreur, étoit tout recent, mais c’étoit une occasion d’étaler du faste, & de montrer sa beauté sous un habit de deuil qui lui étoit favorable ; le théatre change de décoration, c’est une pièce nouvelle, où elle joue le plus beau rôle.

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