« Si Caton, dit un auteur moderne38, n’avait pas été enthousiaste dans la vertu, et qu’au lieu de heurter avec rudesse les mœurs de son siècle, il eût cherché par des moyens praticables à en corriger les désordres, son patriotisme et sa grandeur d’âme auraient pu produire beaucoup de bien, ou empêcher beaucoup de mal ; Mais la remarque de Cicéron est juste : « en se conduisant comme dans la république de Platon, et non dans la lie de Romulus », sa rigidité fut rarement utile, quelquefois pernicieuse : ce n’était plus le temps des Fabricius ; Rome entièrement corrompue ne pouvait plus se gouverner par ses anciens principes républicains : il fallait donc les plier aux circonstances et aux besoins ; Caton se rendit respectable en observant ses grandes maximes de vertu tombées dans l’oubli ; il manqua le but en voulant les faire observer : la sagesse doit-elle tenter l’impossible ? […] Comme il est des vérités utiles et des exemples intéressants qu’on ne saurait trop souvent rappeler à la mémoire quand ils peuvent servir à l’amélioration des mœurs, je cite ici de nouveau ce trait historique, quoique déjà j’aie eu l’occasion de le faire remarquer dans un autre de mes ouvrages, dont le premier volume a paru sous le titre de Valcindor et Florella ; mais dont j’ai arrêté la publication pour satisfaire au vœu de quelques personnes judicieuses, qui m’ont fait observer que ce titre ne développait point assez clairement son objet réel.