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144. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « LIVRE PREMIER. CHAPITRE I. Le Clergé peut-il aller à la Comédie ? » pp. 10-27

Persuadé que, la sainteté de la vie des Prêtres et la ferveur de leurs prières fait la prospérité de l’Empire et en assure les victoires, par les grâces qu’ils nous obtiennent du ciel, que leurs exemples sanctifient les âmes et nous attirent la miséricorde de Dieu, nous avons appris avec douleur, et ce qui paraît incroyable, que des Diacres et des Prêtres, et ce que nous rougissons bien plus de dire, même des Evêques, jouent à des jeux de hasard, et s’oublient jusqu’à se trouver à la comédie, « scenicorum vel thimelicorum fiunt spectatores ludorum « ; eux qui obligent tous ceux qu’ils baptisent de renoncer aux pompes du démon, dont les spectacles sont une grande partie, « ut abrenuntient pompis Diaboli, quorum non minima pars sunt spectacula ». […] L’ecclésiastique n’aurait aucune part à l’irréligion qui se servirait de la robe ; mais est-il excusable de composer pour le théâtre, et d’y faire jouer ses pièces, lui qui est obligé de le combattre ? […] L’interprétation de Diana pour l’éluder est singulière : il prétend que ce chapitre se trouvant sous le titre de honestate Clericorum, il faut le rapporter à la rubrique, ce qu’on appelle, selon le quolibet du Droit, expliquer le noir par le rouge ; qu’ainsi il ne doit être regardé que comme un règlement de bienséance et d’honnêteté, c’est-à-dire un conseil qui n’oblige point sous peine de péché.

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