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22. (1761) Epître sur les spectacles « Epître sur les spectacles » pp. 3-14

C’est dans ce monument que les Dieux de la Terre Viennent en pâlissant déposer leur tonnerre ; Fastueux Mausolée où le superbe orgueil, Du plus sain des Bourbons a creusé le cercueil : Plus loin de ces vallons pour arroser la Plaine, Je vois en serpentant disparaître la Seine ; Mais quels nouveaux objets s’offrent de toutes parts ? […] Un Manant ridicule est le plaisant objet Qui rassemble Paris : honteux je me retire, Et laisse mes Badauds qui se pâmaient de rire. […] Aimable Catinon, dont l’art si séduisant De plaire et de charmer est le moindre talent, Du Public connaisseur tu ravis le suffrage, Moi je prétends te rendre un plus sensible hommage, Il est digne de toi, puisqu’il t’est présenté ; Ton cœur en est l’objet, le mien me l’a dicté. […] Je reverrai Claironk maîtresse de la Scène En longs habits de deuil sous les traits de Chimène Contre un cher ennemi, tendre objet de ses pleurs, Craindre de décider par ses vives douleurs La Justice d’un Roi qui l’aime, et qui balance, Ou Camille en fureur respirant la vengeance, Contre les jours d’un frère en ses criminels vœux Soulever la Nature, et l’Enfer, et les Cieux ; D’un laurier tout sanglant lui reprocher la gloire, Et le forcer enfin à souiller sa victoire. […] Elle cherche Renaud : la rage est dans son cœur ; Ce Renaud, qui bientôt doit être son vainqueur, Est l’objet détesté que poursuit sa vengeance : La cruelle avec joie essayant sa puissance, D’un coup de sa baguette éléve, anéantit ; L’Enfer, les Élémens, et le Jour et la Nuit A ses ordres soumis respirent sa tendresse, Ou servent en courroux sa fureur vengeresse.

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