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297. (1667) Lettre sur la Comédie de l'Imposteur « Lettre sur la Comédie de l’Imposteur » pp. 1-124

À quoi, dans la terreur où les menaces de son père et la surprise où ces nouveaux desseins l’ont jetée, ne répondant que faiblement et comme en tremblant, Valère continue à lui demander « ce qu’elle fera ». […] Un moment après il s’oublie de nouveau, et promenant sa main sur le genou de la Dame, elle lui dit, confuse de cette liberté, « ce que fait là sa main » : il répond, aussi surpris que la première fois, qu’« il trouve son étoffe moelleuse » : et pour rendre plus vraisemblable cette défaite, par un artifice fort naturel, il continue de considérer son ajustement, et s’attaque « à son collet, dont le point lui semble admirable ». […] Cela se voit bien clairement dans cette Scène ; car cet homme, qui a tout l’air de ce qu’il est, c’est-à-dire du plus raffiné fourbe de sa profession ; ce qui n’est pas peu de chose : cet homme, dis-je, y fait l’acte du monde le plus sanglant, avec toutes les façons qu’un homme de bien pourrait faire de plus obligeant ; et cette détestable manière sert encore au but des Panulphes, pour ne se faire point d’affaires nouvelles, et au contraire mettre les autres dans le tort par cette conduite si honnête en apparence, et si barbare en effet. […] si on produit la Vérité avec toute la dignité qui doit l’accompagner partout, si on a prévu et évité jusqu’aux effets les moins fâcheux qui pouvaient arriver, même par accident, de la peinture du vice : si on a pris, contre la corruption des esprits du siècle, toutes les précautions qu’une connaissance parfaite de la saine Antiquité, une vénération solide pour la Religion, une méditation profonde de la nature de l’âme, une expérience de plusieurs années, et qu’un travail effroyable ont pu fournir ; il se trouvera après cela des gens capables d’un contresens si horrible, que de proscrire un ouvrage, qui est le résultat de tant d’excellents préparatifs, par cette seule raison, qu’il est nouveau de voir exposer la Religion dans une salle de Comédie, pour bien, pour dignement, pour discrètement, nécessairement et utilement qu’on le fasse ! […] Il n’est rien de si profane qu’elle ne sanctifie, de si corrompu qu’elle ne purifie, de si méchant qu’elle ne rectifie, rien de si extraordinaire, de si inusité et de si nouveau qu’elle ne justifie.

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