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24. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre VI. Des Sçènes. » pp. 257-276

Il est encore tout simple qu’un nouveau personnage vienne apprendre une nouvelle intérèssante, ou s’instruire de ce qu’il ignore. […] Les Poètes du nouveau Spectacle achéveraient de se rendre dignes de nos suffrages, s’ils perfectionnaient de la sorte leurs Monologues : voyons du moins avec quel art ils assemblent les Scènes de leurs Drames. […] Les personnages des Pièces jouées sur le nouveau Théâtre, entrent & sortent au gré de leurs caprices ; nous avons vû même quelques-uns de ses Auteurs démentir les belles choses qu’ils avançaient dans leurs ouvrages : il me semble, par éxemple, que la marche des Scènes de la Bergère des Alpes, est répréhensible, elle contredit tout ce que j’ai écrit dans ce Chapitre ; tandis que l’Auteur de ce Drame nous a donné des leçons sur la Comédie & la Tragédie, à peu-près pareilles aux sentimens que j’ose proposer quand le nouveau spectacle m’en offre l’occasion. […] Le nombre des Poèmes du Spectacle moderne, dont les Scènes sont défectueuses, est si considérable, qu’on s’imagine que le genre adopté par le nouveau Théâtre, ne demande pas un meilleur arrangement, & que ce serait le dénaturer que de chercher à lui prêter plus d’art ; on se trompe furieusement : laisserait-on toujours éxister parmi nous un Spectacle qui renverserait toutes les règles ? […] Les Drames du grand Corneille serviront aussi d’éxcuse aux Poèmes du nouveau genre : il me suffira de prier le Lecteur de se rappeller le Cid, le chef-d’œuvre du Théâtre Français, qui eût la gloire de donner naissance au proverbe, cela est beau comme le Cid.

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