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8. (1705) Traité de la police « Chapitre II. De l’origine des Histrions, des Troubadours, des Jongleurs, et des autres petits spectacles qui ont précédé en France l’établissement des grandes pièces de Théâtre, et des Règlements qui les ont disciplinés. » p. 436

A ces Farceurs succédèrent les Trouvères ou Troubadours ; les Conteours et les Jugleours ; ces noms nous en découvrent assez l’origine, quand l’histoire serait demeurée sur cela dans le silence : ils sont Provençaux, et tous ceux de ces professions venaient en effet de cette Province, et se répandirent dans toutes les autres parties de la France. […] Dans ce débris tous ceux de cette profession se séparèrent en deux différentes espèces d’Acteurs ; les uns sous l’ancien nom de Jongleurs, joignirent aux instruments le chant, ou le récit des vers. Les autres prirent simplement le nom de Joueurs, Joculatores, c’est ainsi qu’ils sont nommés dans les anciennes Ordonnances. […] prirent dans la suite ce nom de Jongleurs comme le plus ancien, et les femmes qui s’en mêlaient celui de Jongleresses : ils se retirèrent à Paris dans une seule rue qui en avait pris le nom de rue des Jongleurs, et qui est aujourd’hui celle de saint Julien des Ménétriers ; on y allait louer ceux que l’on jugeait à propos pour s’en servir dans les fêtes ou assemblées de plaisir. […] n’est pas que l’usage de ces spectacles se perdit ; mais les principaux d’entre les Acteurs s’étant adonnés à faire plusieurs tours surprenants et périlleux, avec des épées et d’autres armes, on commença de les nommer Batalores, et en Français Bateleurs : ce nom a depuis passé à tous les autres Histrions ou Jongleurs, et ils n’en ont point d’autres aujourd’hui.

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