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376. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VI. De l’indécence du Théatre. » pp. 114-137

Le spectacle Espagnol est plûtôt dans le romanesque de la chevalerie que dans la bassesse de l’obscénité ou la petitesse de la bouffonnerie : goût analogue au génie de ces peuples, dont les amours héroïques, filés au clair de la lune, sous les fenêtres d’une invisible, sont l’original des aventures de Don Quichotte, & d’ailleurs délicats, jaloux & constans, ne s’accommodent ni de la vénalité des Frétillons, ni de la légèreté des Zéphirs (noms de guerre de la… & du…), & n’accéderont jamais à des traités de société & de partage où on ne jouit qu’à son tour au prorata de la mise. […] Il est très-comique d’entendre Moliere, dont l’éruditiou n’égaloit pas celle de Scaliger & de Saumaise, disserter gravement (Préface du Tartuffe) sur la distinction entre l’ancienne & la nouvelle comédie, & avancer que les saints Peres, dont il avoit peut-être entendu prononcer le nom dans les Litanies, n’avoient jamais déclamé que contre cette ancienne prostituée qu’il abandonne généreusement à leurs traits, mais non contre la courtisanne moderne, qu’ils auroient canonisée, & proposée à tout le monde comme un exercice de dévotion où lui Moliere prêchoit beaucoup mieux que Bourdaloue, contre laquelle les Prédicateurs ne parloient que par jalousie.

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