/ 382
88. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Parfums. » pp. 112-137

Tout cela pris à la lettre seroit ridicule ; mais en l’appliquant à la parure des femmes qui, selon la mode du pays, donnoient à leurs cheveux toute sorte de figures, il n’y a rien que de naturel & de juste. […] Il n’est rien que les baigneurs, les femmes de chambre, les Actrices qui bâtissent sur leurs cheveux naturels, ou sur les perruques, de clochers, marteaux, tables, aîles, tours, pyramides, moulins, girouettes, en mouton, en marron, en boudins, en vergetres, &c., au moyen d’une foule d’instrumens qui forment une boutique de ce que les anciens nommoient en général Crinalis, ou selon du Cange, Gloss. […] Il ne cueille, ni ne porte aucune fleur pour le plaisir de la flairer, il ne cherche point à se trouver parmi les bonnes odeurs, & s’il s’en présente de mauvaises, il ne s’en plaint nullement, n’en témoigne pas la moiudre peine, quelque aversion naturelle qu’il en ait. […] De cet effet naturel il conclud que la mauvaise odeur est une punition du crime, relative à la mauvaise odeur de la réputation & du scandale ; & il est vrai que la plupart des châtimens, comme la mort, la maladie, la misere, la pauvreté, sont accompagnés de mauvaises odeurs : Ater cum fulmine odor . […] Cet effet n’est pas naturel ; que dans tous les siecles, dans tous les pays du monde, un nombre infini d’hommes, sans exception, exhalent une mauvaise odeur, c’est une punition visible de l’horrible Déicide, dont ce peuple infortuné se rendit coupable ; & l’on remarque que si un Juif se convertit, cette odeur cesse au moment de son Baptême : Abluitur Judæus odor Baptismate Christi .

/ 382