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78. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE PREMIER. Peinture & Sculpture. » pp. 4-40

On sait, dit-il, que parmi les Grecs il régnoit un amour que la nature désavoue & qui nuit à la population, ajoutons que Dieu punit par le feu du Ciel. Ne se peut-il pas qu’on ait cherché à ramener les jeunes gens aux intentions de la nature ? […] Au lieu de punir un si grand désordre, qui ne choque pas moins la nature que la vertu, les Dieux, dit-on, écouterent la priere de Pigmalion, & animant la statue en firent une vraie femme, qu’il épousa. […] L’amateur, le spectateur, l’artiste n’ont que des yeux savans, un cœur peintre, un esprit poëte : élevés au-dessus des sens, la nature ne leur à point donné des passions ; leur chair ne se révolte jamais ; ce ne sont point des hommes, c’est un pur amour Platonique, qui ne voit, ne goûte dans les femmes que l’ouvrage du Créateur. […] Donnons des leçons de pudeur ; ce n’est pas une Minerve armée de pied-en-cap, couverte d’une vaste Egide, avec une horrible tête de gorgone, c’est Venus, Uranie, Venus céleste, la philosophie, la sagesse qui ne s’occupe que du la nature, de l’humanité, de la population, du plaisir céleste.

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