Elle y paraît sans honte et sans infamie ; on y fait gloire d’en être touché ; ainsi l’esprit s’y apprivoise peu à peu ; on apprend à la souffrir et à en parler ; et l’âme s’y laisse ensuite doucement aller, en suivant la pente de la nature. […] Est-ce par sa nature, ou n’est-ce pas plutôt par la malice d’autrui qu’elle s’est pervertie ? […] Né pour des emplois sérieux, transporté dans le Comique, rigide Observateur du ridicule, Peintre plaisant d’après nature, exact sans affectation d’exactitude, correct sans paraître s’être gêné, serré dans sa prose, libre et aisé dans ses vers, riche en sentences, fertile en plaisanteries ; on peut dire qu’il réunit en lui seul toutes les qualités et la plupart des défauts des Poètes célèbres en ce genre. Aussi piquant qu’Aristophane, quelquefois aussi peu retenu ; aussi vif que Plaute, de temps en temps aussi bouffon ; aussi fin que Térence, souvent aussi libre dans ses tableaux : Molière fut-il plus grand par la nature ou par l’art ? […] L’art séduit en tout, jusques dans la nature même.