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371. (1731) Discours sur la comédie « SECOND DISCOURS » pp. 33-303

Les airs du monde commençaient à lui plaire, et les dispositions les plus Chrétiennes qui étaient pour ainsi dire nées avec elle, s’altéraient considérablement, mais d’une manière si cachée, et d’autant plus dangereuse qu’elle ne s’en apercevait point. […] C’est une peinture si naturel, et si délicate des passions, qu’elle les anime et les fait naître dans notre cœur, et surtout celle de l’amour, principalement lorsqu’on se représente qu’il est chaste et fort honnête : Car plus il paraît innocent aux âmes innocentes, et plus elles sont capables d’en être touchées. […] Ainsi on sort de la Comédie le cœur si rempli de toutes les douceurs de l’amour, et l’esprit si persuadé de son innocence, qu’on est tout préparé à recevoir ses premières impressions, ou plutôt à chercher l’occasion de les faire naître dans le cœur de quelqu’un, pour recevoir les mêmes plaisirs et les mêmes sacrifices que l’on a vus si bien représentés sur le Théâtre.

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