« Voilà d’où naît la diversité des spectacles selon le goût des diverses nations. […] Nous y voyons de violentes passions ennoblies avec art ; des sottises héroïques consacrées par de vieilles fables ou histoires ; de beaux sentiments, qui ne sont à bien dire que des saillies extravagantes d’ambition et de vengeance ; des fantômes de vertu, qui en imposent par un vain coloris de grandeur ; des personnages qui, par leur caractère, leur rang, leurs sentiments et leurs exploits, réveillent au fond de l’âme et flattent des inclinations vicieuses d’où naissent en nous les révolutions les plus funestes. […] Il n’y a pas un homme de bien qui ne soit misanthrope en ce sens, ou plutôt les vrais misanthropes sont ceux qui ne pensent pas ainsi : car au fond il n’y a pas de plus grand ennemi des hommes que l’ami de tout le monde, qui, toujours charmé de tout, encourage incessamment les méchants, et flatte, par coupable complaisance, les vices d’où naissent tous les désordres de la société.