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65. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VII. Fêtes de Théatre. » pp. 169-185

La ville de Reims, qui depuis le baptême de Clovis, où elle prétend qu’un Ange lui apporta la Sainte Empoulle, jouit du privilege de sacrer nos Rois, a célébré, par une fête publique, l’époque de la cinquantiéme année du sacre du Roi, le 28 décembre 1772 ; on chanta à ce sujet une Messe solemnelle en musique, à laquelle M. le Coadjuteur officia Pontificalement ; tous les Corps de Ville assisterent à la cérémonie pour laquelle on se servit des ornemens destinés au Sacie ; le Te Deum fut chanté au son des cloches, au bruit du canon & de la mousquéterie. […] Tous burent rafade au bon Roi ; il eût été plus noble de faire tout-à coup sourdre une fontaine de vin, d’un coup de baguette ; on porta de tout côté la santé du Roi avec les acclamations les plus vives, au milieu des cris de joie, & d’applaudissemens, la musique exécutant divers morceaux choisis, ne put se faire entendre, ni les acteurs continuer au milieu de cette fête bachique, mais il n’y eut point de désordre. […] Une musique brillante forme dans un endroit, des concerts mélodieux ; des violons, des cambourins, des castagnettes satisfont ceux qui aiment la danse, ah ! […] Une piéce dramatique demandée par une Dame, qui pouvoit s’occuper plus utilement ; accordée galamment par la troupe des comédiens, & brutalement réfusée par le parterre, a cruellement ensanglanté la scéne des sifflets & des bayonnetes, des pistolets, des fusils ; des acteurs & des grenadiers ; des instruments de musique, & des danses brillantes, des décharges à bâle sur les spectateurs, plus de trente morts sur la place, un plus grand nombre de blessés, la plupart morts de leurs blessure.

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