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53. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE IV. Traité de la Danse de Cahusac. » pp. 76-104

Terpsichore, cinquieme Muse, étoit la Muse de la musique & de la danse, dont on la dit l’inventrice, ce qui est absolument faux, puisque les danses & les instrumens de musique des Juifs au passage de la mer Rouge, au-tour du veau d’or, sont antérieures de plusieurs siecles à toutes les Divinités de la Grèce. […] La musique & la danse sont des attraits si puissans de la volupté qu’on ne peut s’en défendre qu’en se bouchant les oreilles & se faisant attacher, c’est-à-dire en fuyant l’occasion & s’éloignant du rivage. […] Quand on lit toutes ces belles choses, on croit être de la scène du Bourgeois Gentilhomme, où son Maître à danser fait dépendre de la danse, & son Maître à chanter, de la musique, le gouvernement de l’Etat & le succès de toutes les affaires. […] Tout cela peut avoir son style, sa poësie, son éloquence, sa grammaire, ses synonimes, aussi-bien que la peinture, la musique, l’écriture, & tout cela peut être appelé danse. […] Je pense au contraire que la musique est naturellement liée à la danse, qu’elle excite machinalement à danser, qu’elle en règle les pas, la mesure, par la cadence, qu’elle en fait l’un des grands agrémens, & qu’en préparant, flattant, amollissant le cœur, elle en augmente le danger.

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