Le goût de ce nouveau genre Dramatique & surtout le goût des Piéces en Musique, fit tomber en Italie la Tragédie & la Comédie, excepté celle d’Arlequin, dont le Théâtre est inébranlable. […] Ce Spectacle qui fit disparoître de l’Italie, Tragédie & Comédie, fit perdre à la Musique Italienne son ancienne gravité. […] C’est Muratori qui parle ainsi dans l’Ouvrage que je viens de citer : & comme on pourroit dire qu’un Savant n’a pas le goût de la Musique, je joins à sa plainte, celle de Gravina, qui compare la Musique de son Pays à ces Peintures de la Chine, où l’on ne trouve aucune imitation de la Nature, & où l’on ne peut admirer que la vivacité & la variété des couleurs. […] Voici encore ce qu’en dit Riccoboni dans son Histoire des Théâtres : Notre Musique n’est plus que bizarre ; on a mis le Forcé à la place du Beau simple, & ceux qui admiroient l’expression & la vérité dans notre précédente Musique, ne trouvent dans celle-ci que des singularités & des difficultés. Voilà ce que des Italiens éclairés ont pensé de cette Musique qui a corrompu la nôtre : mais nous voulons toujours admirer ce qui nous vient des Etrangers, bonté qu’ils n’ont pas pour nous.