Depuis ma dernière, je me suis mise à réfléchir sur les moyens de réformer cet abus… & mille desordres que les Comédiennes occasionnent. D’abord emportée par un zèle amer, j’aurais voulu anéantir Comédies, Opéras, Danses, Bals… Mais, ce premier mouvement calmé, j’ai vu qu’il était insensé de chercher à diminuer les plaisirs de la vie, parce qu’ils ont des abus ; j’ai trouvé qu’il y avait un moyen fort simple de conserver des amusemens aussi piquans, aussi louables, aussi utiles, que ceux que le Théâtre nous procure, sans nous exposer aux inconvéniens. […] « J’entreprens de donner un moyen simple, facile, qui n’exige aucune dépense onéreuse, de corriger les abus du Théâtre ; d’en augmenter l’agrément ; l’utilité, la dignité ». […] Tu verras, dans la suite, chère Ursule, par qui le plaisir de la Représentation doit nous être procuré : si des maximes saines sont efficaces dans une bouche impure : quel serait le moyen de parer à cet inconvénient, & de rendre en tout sens notre Théâtre une école de vertu. […] Pour diminuer les dangers du Théâtre, en augmenter les avantages, deux moyens se présentent donc naturellement : supprimer tout le licencieux dans les Drames, & rendre nul l’inconvénient du Comédisme.