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25. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE VII. Quelle doit être la Comédie après la réformation du Théâtre. » pp. 69-85

Les ignorants y verraient combien ils sont méprisables par leurs bévues et par l’absurdité de leurs raisonnements, et se trouveraient excités à chercher les moyens de s’instruire : les Suivantes rusées et intrigantes y seraient frappées de la punition de leurs artifices et de leurs entreprises téméraires : les Valets fourbes et infidèles y reconnaîtraient que les friponneries sont tôt ou tard découvertes et punies : l’Avare sordide ne verrait qu’avec confusion, dans un autre lui-même, la perte et l’enlevement d’un argent amassé avec tant d’indignité et gardé avec tant d’inquiétude : le jeune homme dissipateur n’y envisagerait qu’en tremblant, l’indigence dans laquelle il court le risque de se précipiter par l’excès de ses profusions. […] Le Prince chérissait ce Courtisan ; il fut touché de le voir le jouet et la victime d’une passion honteuse, et chercha tous les moyens de le guérir. […] Concluons donc, avec les Partisans du Théâtre, que, si on abolissait la Comédie, on ferait un grand tort à la République ; puisqu’il ne resterait plus de moyen d’inspirer de l’horreur pour le vice et de donner du goût pour la vertu à ce grand nombre d’hommes qui, comme nous l’avons déjà dit, ne vont guère à d’autre Ecole que le Théâtre, et qui, sans les leçons qu’ils y reçoivent, ignoreraient, toute leur vie, leurs défauts, loin de travailler à s’en corriger.

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