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17. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VI. Ericie, ou les Vestales. » pp. 138-159

Ce grand Pontife, à qui il donne assez de fermeté pour faire mourir sa fille, se trouble, ne sait ce qu’il dit, pleure comme un enfant, s’appuie, chancelle, tombe comme une femme, prend les mains de l’amant de sa fille, qui la déshonore, est cause de sa mort, & à ses yeux est un sacrilege profanateur du Temple & des Prêtresses de Vesta. Voltaire, dans son Brutus, dont les Vestales ne sont qu’une bien foible imitation, n’a garde de montrer si petit, si foible, si indécent, le Consul qui fait mourir ses deux fils. […] Et notez qu’on suppose que c’étoit la fête des Vestales, pendant laquelle on ne faisoit jamais des exécutions, sur-tout sur une Vestale, comme si parmi nous on vouloit faire mourir un Prêtre le jour de Pâques, & que cette fête se célébroit au mois de juin, où les nuits sont les plus courtes. […] Que la coupable meure, & marche à son supplice. […] encore depuis bien peu de temps, car son fils vient de mourir, ce fils pour lequel il a forcé sa fille à être Vestale, & de chagrin il vient se faire Capucin, sans être connu de personne, & le voilà tout-à-coup grand Pontife malgré lui : Velut ægri somnia vanæ fingentur species ut nec pes nec caput uni reddatur formæ.

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