Ce mélange de persécution et de faveur fit faire à Corneille, après la mort du Cardinal, ces vers singuliers, que tout le monde fait, et qui à travers un jeu de mots qui semble puéril, contiennent exactement la vérité : « Qu’on dise bien ou mal de ce grand Cardinal, Ma Muse toutefois n’en dira jamais rien : Il m’a fait trop de bien pour en dire du mal, Il m’a trop fait trop de mal pour en dire du bien. » Convenons donc avec tout le monde que la véritable raison de tous ces mouvements fut une basse jalousie de l’Eminence : « Il vit avec déplaisir que les pièces où il avait part, ou dont il avait donné les sujets et le canevas, étaient entièrement effacées par le Cid ; par cette raison il fut bien aise qu’on le critiquât, et il fut ravi qu’il y eût d’autres pièces (de Scudéry) à lui opposer. » L’instance fut donc portée et régulièrement poursuivie au Tribunal d’Apollon.