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38. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VII. De la frivolité et de la familiarité. » pp. 150-162

Pour un bon ouvrage en vers ou en prose, qui peut compter les vaudevilles, chansons, épigrammes, lettres, ana, conversations, mélanges, bons mots, etc. où sans ordre, sans choix, sans liaison, passant du grave au puérile, du religieux au bouffon, de la raison à la folie, on est entraîné dans un tourbillon de frivolité qui détruit jusqu'au germe de la vertu et de la littérature ? […] une boutique de bijoutier : on voit une scène, un bon mot, un portrait, une sentence ; que de paille couvre ce peu de bon grain ! […] Quoique dans la traduction des Métamorphoses en rondeaux, il eût vingt fois employé ces mots, comme il ne savait guère que des mots, ainsi que la plupart de ses confrères Poètes, Benserade fut fort embarrassé, et pour ne pas demeurer court, ayant vu dans la même loge un Evêque et un Archevêque, il dit à la Princesse : « Il y a entre ces Divinités la même différence qu'entre les Evêques et les Archevêques. » Mot qui fit rire toute la Cour aux dépens des Prélats qui étaient à l'opéra. […] Ce mot dit tout, il réunit tant de folies et de désordres, que d'un coup de pinceau il rend ridicule tout ce qu'il caractérise.

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