Son poëme épique, ou soi-disant, sur la Mort d’Abel, respire par-tout une tendre piété : ce qui n’est pas un petit mérite dans un siecle où on ne la connaît que pour la décréditer & la tourner en ridicule ; du moins en Angleterre & en France : car l’irréligion n’a pas fait des progrès au-delà du Rhin, si ce n’est en Prusse. […] L’Abbé de Voisenon, un des Quarante de l’Académie Françoise, & Envoyé de l’Evêque de Spire, est mort le premier décembre 1775, Le Théatre y perd un compositeur & un spectateur ; mais la perte de l’Eglise est légere. […] Voltaire, qui connoissoit cet Abbé, ayant appris sa mort, lui fit cette Epitaphe, qui est une fort petite oraison funebre. […] Depuis la boucherie des Templiers jusqu’à la mort du Chevalier de la Barre, on croit lire l’Histoire des Sauvages, on frémit un moment, & on va à l’Opera. […] Ce magistrat, en descendant du tribunal où il a condamné un homme à port, court écouter les bouffonneries d’Arléquin ; cet officier, qui dans un combat vient de voir la terre inondée de sang & jonchée de corps morts, court admirer une danseuse & s’enivrer des graces d’une actrice.