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322. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [A] » pp. 297-379

La Comédie, comme excitant les passions, est dangereuse pour les Spectateurs mal-disposés, cela est incontestable : mais elle est utile à trois sortes de personnes ; aux Bons, aux Indifférens, & aux plus Méchans que les personnages du Drame : elle est encore d’une utilité générale, dans un pays où les scélératesses scéniques n’apprennent rien aux Citoyens ; & où le mépris de toute morale, ne laisse que le Théâtre, pour reprendre fructueusement les abus. […] le Sage qui lit des Livres de morale, n’y trouve que ce qu’il sait ; mais cette lecture nourrit son cœur, & l’excite plus vivement au bien : le tableau d’un honnête Père-de-famille, d’une Mère desabusée sur les égaremens de son fils, d’une épouse vertueuse qui regagne le cœur de son mari, nous représentent ce que nous savons ; mais ils nous le font savoir plus efficacement pour notre conduite. […] On l’a dit dans le Plan de Réforme, il suffit de peindre la difformité ou le vice, pour le faire haïr, & la beauté morale, c’est-à-dire, la vertu, pour la faire aimer. […] Les Comédies-Farces sont reléguées dans la onzième Classe, ainsi que les Pièces de simple amusement, & généralement presque toutes celles des Auteurs-Comédiens, dont l’inutilité morale ferait toute seule un assez grand défaut, quand le trop libre de l’Actricisme & de l’expression, ne les rendrais pas repréhensibles. […] Le Traité de la Comédie, du premier, qu’on peut voir, Tome III des Essais de Morale, est l’Ouvrage d’un homme qui suit moins ses propres lumières, que les accès d’une piété triste & sauvage.

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