Tant de soins montraient l’importance que le gouvernement attachait aux représentations dramatiques, et l’intention manifeste d’associer les poètes à la cause des mœurs et des lois ; ils y furent longtemps fidèles. […] Et ce ne fut que lorsqu’une faible lumière perça la nuit profonde du Moyen Age qu’elles reparurent, mais pâles et défigurées, méconnaissables, ne conservant rien d’elles-mêmes ; et pourtant on eût pu les montrer brillantes comme aux jours de leur gloire, puisqu’elles étaient créées. […] Et lorsque son incisive ironie démasquait la sottise, pensait-il qu’il ne donnait à chacun des spectateurs que le malin plaisir de montrer du doigt son voisin ? […] Tartuffe n’est point comme Monsieur Jourdain un personnage risible, c’est un monstre exécrable qui soulève l’indignation : il fallait être doué d’un certain courage pour oser montrer ainsi à nu l’âme d’un faux dévot, à une époque où les tartuffes n’étaient pas rares, et l’opprobre dont Molière les couvrit fut une bonne leçon pour les mœurs. […] Les passions n’y sont présentées aux yeux que pour montrer tout le désordre dont elles sont cause ; et le vice y est peint partout avec des couleurs qui en font connaître et fuir la difformité ; c’est là proprement, le but que tout homme qui travaille pour le public, doit se proposer, et c’est ce que les premiers poètes tragiques avaient en vue sur toute chose.