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36. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IV. Des Pièces pieuses. » pp. 68-95

« De Pélerins, dit-on, une troupe grossière En public à Paris y monta la première ; Et sottement zélée en sa simplicité, Joua les Saints, la Vierge et Dieu par piété. […] On le pouvait sans risque depuis que Constantin avait fait monter le christianisme sur le trône des Césars. […] Il faut que l’opposition du théâtre à l’esprit de Dieu soit bien entière, puisqu’on n’y saurait souffrir que les faits y paraissent avec leurs vraies couleurs ; les sentiments, les idées, les règles de la sainteté n’y sont goûtées qu’avec l’assaisonnement du vice : les vertus ne peuvent monter sur la scène que masquées. […] Monté sur le ton du vice, il ne sera pas si tôt l’Apôtre de la vertu ; le spectacle n’en est pas même susceptible. […] Décorations profanes, places retenues et payées, motets distribués, comme les pièces au théâtre, rendez-vous, entrevues, causeries, murmures, quelqu’un monté sur une tribune, qui y parle familièrement, sans autre zèle que d’amuser le peuple, des voix, un orchestre ; m’obligera-t-on d’appeler ce spectacle un office d’Eglise ? 

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