Tout cela paraît peu de chose en détail, la totalité cependant monte dans le royaume à des sommes immenses, et même pour le particulier qui y revient souvent, l’objet est considérable. […] Par le détail qu’en fait l’Histoire de l’Opéra, les gages courants montent à soixante-sept mille cinquante livres ; les dépenses sont énormes, les meubles, habits, bijoux, masques, tableaux, décorations, machines, sont à tas dans le magasin, on le prendrait pour un arsenal. […] On s’y endette pourtant par mille folles dépenses ; à la mort de Quienet, en 1712, les dettes de l’Opéra montaient à quatre cent mille livres ; à la mort de Berger, en 1745, elles montaient à cinq cent mille, que l’Hôtel de ville de Paris, c’est-à-dire le public, s’est chargé de payer. […] Le nouveau ton où l’on se monte, la nouvelle éducation qu’on croit du bel air de donner à la jeunesse, le débordement de danseurs, chanteurs, joueurs d’instruments, Peintres, Poètes, baigneurs, coiffeuses, etc. dont tout est plein, et qu’entraîne la comédie, et qui sont autant d’amis, de compagnons, d’exemples, de confidents, de corrupteurs ; tout cela, j’ose le dire, a changé la face de la nation.