L’enceinte des Théâtres était circulaire d’un côté, & carrée de l’autre : les grands Théâtres avaient toujours trois rangs de portiques élevés les unes sur les autres ; de sorte que l’on peut dire que ces portiques formaient le corps de l’édifice : on entrait non-seulement par-dessous leurs arcades de plain-pied dans l’Orquestre, & l’on montait aux différens étages du Théâtre, mais de plus les degrés où le Peuple se plaçait étaient appuyés contre leur mur intérieur ; & le plus élevé de ses portiques, à l’abri du soleil & des injures de l’air, était destiné aux femmes. […] Pollux nous apprend que c’étaient des espèces de trappes qui élevaient les Acteurs au niveau de la Scène, & qui redescendaient ensuite sous le Théâtre par le relâchement des forces qui les avaient fait monter. […] Mais comme ces voîles n’empêchaient pas la chaleur, causée par la transpiration & les haleines d’une si nombreuse assemblée, les Anciens avaient soin de la tempérer par une espèce de pluie, dont ils fesaient monter l’eau jusqu’au-dessus des portiques, & qui retombant en forme de rosée, par une infinité de ruyaux cachés dans les Statues qui règnaient autour du Théâtre, servait non-seulement à y répandre une fraîcheur agréable, mais encore à y exhaler des parfums les plus exquis ; car cette pluie était toujours d’eau de senteur. […] Néron non-seulement les fit teindre en pourpre, mais y ajouta encore des étoiles d’or, au milieu desquelles il était peint monté sur un char ; le tout travaillé à l’aiguille, avec tant d’adresse & d’intelligence, qu’il paraissait comme un Phœbus qui modérant ses rayons dans un jour sérein, ne laissait briller que le jour agréable d’une belle nuit. […] Les premières places de l’Amphithéâtre Romain, c’est-à-dire celles des Sénateurs, de l’Editeur des Spectacles & des Vestales, n’étaient pas sans danger, quoique le Podion ou la Balustrade fût élevé de douze à quinze pieds, & que le devant en fût garni de rets, de treillis, de gros troncs de bois ronds & mobiles, qui tournaient verticalement sous l’effort des bêtes, telles que les Eléphans, les Lions, les Léopards, les Panthères, &c. qui voulaient y monter ; quelques-unes franchirent ces obstacles ; & ce fut pour prévenir cet accident à l’avenir, qu’on pratiqua des euripes, ou fossés, tout autour de l’arène, pour écarter les bêtes féroces du Podion.