Après la peinture que je viens de vous faire des dangers du théâtre, après vous les avoir montrés comme contraires en tout à la Religion & aux mœurs, il semble que je pourrois me dispenser de répondre aux vains raisonnemens par lesquels on le justifie ; & il devroit suffire au Chrétien d’y reconnoître le moindre péril, pour se convaincre de la nécessité de le fuir : cependant comme la cupidité est toujours ingenieuse à se défendre sur ce qui la favorise, & qu’il importe de ne rien laisser à desirer sur ce sujet, écoutons un moment le langage des mondains pour essayer de les confondre. […] S’il venoit en ce moment un ministre relâché vous débiter dans cet auditoire que les spectacles ne sont point défendus ; que loin d’être dangereux, comme on le dit, ils sont indifférens en eux-mêmes ; qu’ils ne deviennent mauvais, que par l’abus qu’on en fait ; qu’après tout, quand on vit dans le monde, on peut les fréquenter avec le monde ; si un ministre vous tenoit ce langage dans la Chaire de Vérité, qu’elle idée auriez-vous de ce nouveau Prophéte ?