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24. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE I. Du sombre pathétique. » pp. 4-32

On l'emporte ; mais le moment avant que de mourir elle baise le crucifix, embrassée de Commenge, demande qu'on l'enterre avec son amant, et termine sa détestable vie par ces trois mots dont l'union est un blasphème, en invoquant Dieu et son amant : « Dieu, Commenge, je meurs ». […] pourquoi vient-elle s'enfermer au grand hasard d'en être à tout moment connue ? […] On a beau s'amuser un moment de leur représentation, ce plaisir, si c'en est un, comme les amateurs de la scène le prétendent, est du moins si fatiguant, mêlé de tant de peine, qu'il rendrait stupide, si le changement de la décoration ne venait dissiper ces sombres nuages. […] Des points de reticence (…) à tout moment qui fatiguent la vue dans la lecture, fatigueraient dans la déclamation, tant ils sont multipliés, et qui ne servent qu'à cacher sous un air mystérieux l'embarras du Poète, dans des phrases commencées qu'il ne sait pas finir, et des vers enjambés qu'il n'a pas su mesurer. Une mort lente et subite, qui laisse la liberté de réciter plus de trois cents vers, et qui, à point nommé, porte le dernier coup au moment que tout est dit : Scène mortellement ennuyeuse par sa longueur et son peu de vraisemblance, un monologue postiche de huit vers, pour donner le temps à d'Orvigni de venir annoncer la mort d'Eutime, pendant lequel il faut qu'Eutime tombe, qu'on crie au secours, qu'on l'emporte dans sa cellule, que l'Abbé vienne, que d'Orvigni prenne des ailes pour reparaître sur le théâtre.

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