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23. (1834) Discours sur les plaisirs populaires « Discours sur les plaisirs populaires, les bals et les spectacles » pp. 1-33

Mais condamnerons-nous sans retour notre frère pour un jour d’intempérance passagère, et blâmerons-nous celui qui, cherchant dans le vin, ce présent du ciel, un moment d’oubli des misères humaines, n’a point su s’arrêter à cette douce ivresse, oublieuse des maux et créatrice d’heureuses illusions ? […] Que fait l’Eglise romaine dans ces moments d’allégresse générale ? […] Parmi les délassements que nous présente la société civilisée ; parmi les distractions qui peuvent remplir les moments de repos et d’oisiveté même que laisse à l’homme la suspension de ses occupations journalières, en est-il de plus nobles et de plus dignes de son intelligence que les représentations théâtrales ? […] « Pour toute ambition, pour vertu singulière, Il excelle à conduire un char dans la carrière ; A disputer des prix indignes de ses mains ; A se donner lui-même en spectacle aux Romains ; A venir prodiguer sa voix sur un théâtre ; A réciter des chants qu’il veut qu’on idolâtre, Tandis que des soldats, de moments en moments, Vont arracher pour lui des applaudissementss. » Dans quelle chaire la majesté de Dieu a-t-elle été présentée avec plus d’éclat et de grandeur que dans ces vers prononcés sur le théâtre, et que le poète a mis dans la bouche d’Esther, parlant à Assuérus. […] Mais dans ce moment suprême, deux de ces sœurs qui consacrent leur existence tout entière à l’humanité souffrante, ont soutenu son courage par les soins les plus doux, les consolations les plus tendres ; aussi, lorsque son âme s’est séparée de son corps, portée sur les soupirs, les vœux sincères, les prières ferventes de ces deux sœurs, de ces deux anges de charité, aura-t-elle été admise au sein du Dieu de miséricorde !

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