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184. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Huitième Lettre. De la même. » pp. 100-232

Ne crois pas cependant, qu’il s’occupât toujours de moi : ton nom était à tout moment sur ses lèvres : Tu le rends le plus heureux des hommes ; je puis seule lui faire supporter ton absence : je suis son amie, sa protectrice ; je serais son azile contre l’ingratitude ou la légèreté de son propre cœur, si… On ne finit pas : on craint de toucher cette corde trop fort : elle rendrait un son aigre, déchirant pour des oreilles infidelles. […] Mais il ne s’est point avancé davantage ; & dans un moment où je pensais qu’un indiscret aveu allait s’échapper, c’est toi qu’il a nommée. […] J’ajoute qu’on éviterait, par la nouvelle disposition des Coulisses closes en apparence, que l’on n’aperçût l’Acteur qui attend le moment de paraître, ou qu’on ne vît l’artifice grossier qu’il emploie pour annoncer son arrivée, en frappant du pied, &c. […] Par ce moyen, l’on aurait une idée confuse de ce qui le passe dans le moment ; & le Récit qui vient ensuite, satisferait pleinement la curiosité, déja vivement excitée. […] Une jeune personne de ma connaissance, lisait un des Romans de madame De Villedieu, dont j’ai oublié le titre : cette lecture l’attendrissait au point de faire couler ses larmes : un Amant aimé, mais indigne de l’être, auquel elle avait eu la faiblesse d’accorder un tête-à-tête dangereux, arrive en ce moment : il rappelle des promesses… devient pressant… La jeune fille était perdue, si sa passion, vivement excitée, en lui rendant son amant plus cher, n’eût redoublé la crainte de perdre son estime & d’occasionner son inconstance.

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