Les plus zélés et les plus sages parmi eux n’ont pas manqué de déclamer contre les mœurs corrompues du siècle avec beaucoup de violence ; mais à peine ont-ils ouvert la bouche pour parler contre les infamies des Spectacles. […] Je crois donc que généralement parlant, on doit attribuer le silence des Auteurs profanes et leur retenue criminelle à ne point déclamer contre les infamies des Spectacles, à la crainte qu’ils avaient de passer pour impies, s’ils invectivaient contre des pratiques, qui, quelque honteuses qu’elles fussent, entraient dans le culte de l’idolâtrie populaire : car je ne vois pas quelle autre raison a pu empêcher tant d’Auteurs et tant de Poètes qui ont si souvent déclamé contre la corruption des mœurs, de déclamer encore plus fortement contre ces infamies. […] De là vient que si une Pièce de Théâtre n’est remplie que de sentiments qui ne soient pas contraires ni à la piété ni aux bonnes mœurs, si elle est d’ailleurs bien faite et bien représentée, elle plaira en émouvant les passions, sans pourtant faire du tort ni inspirer la corruption, parce que ce sont des passions innocentes : et ce sont ces Pièces qu’il serait à souhaiter que l’on représentât, et que nous croyons permises avec Saint Thomas, en admettant les autres conditions.