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19. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre II. De la Comedie. » pp. 163-177

Mais ie crois pouvoir dans les choses de pur plaisir preferer le goust vulgaire & moderne à toutes les recherches, & à toutes les citations des plus grands hommes, & des plus profonds Humanistes : & ie ne fais point difficulté de dire que nous avons veu sur nôtre Scene, des Ouvrages qui ne cedent en rien à ceux de l’Antiquité, & dont l’ordre, le dessein & l’execution seroient des exẽples precieux, mesme aux anciens Tragiques & Comiques, que nous prenons pour nos exemples. Toutefois de peut de noise dans ces matieres de bagatelle, faisons une proposition moins contestable & plus utile, & demeurant d’accord de l’avantage que les Anciens peuvent avoir sur les Modernes, tâchons au moins par nos travaux de nous mettre en estat de leur pouvoir disputer la gloire d’un si noble & si loüable secret de plaire. […] Ainsi les Pedans nez dans les Colleges & absorbez dans le Grec & le Latin, ne sont pas capables de juger des beautés modernes, & qui pis est, ils inspirent quelquefois ce mauvais goust à leurs Echoliers, & l’impriment si fortement ; qu’il dure mesme malgré eux contre celuy des honnestes-gens & du beau monde, & sans que la raison fortifiée par les années puisse en purger l’infection, ny en guerir l’aveuglement. Ie trouve plus raisonnable un avis mitigé, & recent qu’il faut avoir de la veneration pour les Anciens, les estudier ou du moins les avoir lûs ; mais qu’il faut s’attacher principalement aux bons Modernes ; ou pour ne point laisser de prise à mes ennemis, ne suivre que ce qu’il y a de bon dans les uns & dans les autres. […] Il ne s’agit pas icy des Regles de l’Art, de la conformité avec les Anciens, ou de la maniere des Modernes, Sur ces chefs, ie renvoye à M.

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