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151. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  LETTRE A M. RACINE, Sur le Théatre en général, & sur les Tragédies de son Père en particulier. » pp. 1-75

Que l’on se récrie tant qu’on voudra sur la décence & sur la noblesse de quelques Comédies modernes ; j’estime trop sincérement ces Pieces pour vouloir attaquer leur réputation, ni diminuer le nombre de leurs approbateurs. […] Cet Homme unique dans son genre, & le seul Ecrivain peut-être, soit ancien, soit moderne, qui n’ait point encore eu de Supérieur ni de Rival, étoit plus capable qu’un autre, de donner au Théatre comique la forme & le ton qu’il devroit avoir pour être une bonne Ecole. […] L’intérêt de la vérité exige que vous preniez soin de le justifier sur ce même article contre les partisans excessifs de Corneille ; & vous ne pouvez le faire qu’en démontrant, comme la chose est fort aisée, que ce premier Restaurateur de la Tragédie parmi les modernes, n’a pas moins à se reprocher que son Rival, d’avoir mis de l’amour dans toutes ses Pieces. […] N’oublions pas que si Corneille est chez les modernes le Restaurateur de la Tragédie, Racine est parmi nous le premier Auteur de Tragédies sans amour ; & qu’il est moins glorieux de rétablir, de créer, si l’on veut, le Théatre, que de le consacrer à la vertu, à la Religion & à la piété.

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