C’est l’outrager de décrier un Ministre à qui il donnoit sa confiance, & une action éclatante de zèle, dont il se faisoit gloire, & qu’il croyoit devoir à la religion & au bien de l’État, l’abolition du calvinisme. […] Or si jusques sous les yeux du Roi, sous la direction d’une Dame pieuse, dans une communauté religieuse, dans un sujet tout saint, un Poëte naturellement poli, doux, modeste, d’une morale sévère, & même alors converti, n’a pas épargné les personnes de la Cour les plus distinguées, un Ministre puissant, le Roi lui-même & le Pape, quelles mesures doivent garder dans un théatre public un vil amas d’Acteurs, sans naissance, sans éducation, sans religion & sans mœurs ? […] La vengeance déchire un ennemi, l’ambition renverse un concurrent, l’envie ne peut souffrir de rival, la malignité se repaît du mal des autres, l’impiété blasphême la religion dans ses Ministres, la vertu dans ses disciples, la foi dans ses défenseurs, la révolte attente sur l’autorité dans ceux qui l’exercent, sur les droits de la société, en troublant la paix par les divisions qu’elle y seme, les guerres qu’elle y entretient. […] Peu de lecteurs sont capables de suivre un systême, de saisir une preuve, une objection, une réponse ; tout sait railler, tout aime à rire, on se moque des Saints & de leurs vertus, des Ministres & de leurs fonctions, des cérémonies & de leur signification, des mystères & de leur profondeur, du Pape & des Évêques, & de leurs décisions, de leurs règlemens, de leur pouvoir, de leurs censures.