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246. (1639) Instruction chrétienne pp. -132

A, cela, je réponds premièrement avec Isidore de Pelusium disciple de Chrysostome, auquel il [y] a plus de douze cents ans un certain Politique, nommé Hiéron, faisait cette objection72, « Homme de Dieu, dit-il, ce n’est pas à quoi s’étudient les Comédiens, que plusieurs soient rendus meilleurs par leurs brocards, (comme tu as dit, te décevant toi-même, et ceux qui t’écoutent). […] Car leur félicité consiste en la méchanceté de leurs spectateurs, et adviendrait que s’ils étaient rendus meilleurs, le métier ne vaudrait plus rien. […] Car leur art de contrefaire et représenter, de sa nature, est inventé pour nuire. » Je dis davantage, que les belles choses et les beaux mots en la bouche de ces gens-là, et en tels lieux, sont comme les viandes délicates, et le meilleur vin, avec lequel on a mêlé du poison, d’autant plus dangereux, que ce qui lui sert de véhicule est avalé avec plaisir. « Ne savez-vous pas, dit l’Apôtre1 , qu’un peu de levain enaigritdv toute la pâte ?  […] Je dis sur cela, qu’il serait à la vérité à désirer, que l’élégance du style fût enseignée par des livres, qui auraient plus de pureté pour la matière, comme il s’en trouverait assez : Mais puisqu’il est malaisé d’ôter ces livres des mains de ceux qui s’étudient à bien dire en ces deux langues ; il est meilleur qu’ils soient exposés ès écoles par des personnes sages et de bonnes mœurs, qui en marquent les écueils, et apprennent à leurs disciples à séparer ce qui est bon et imitable, de ce qui est à rejeter.

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