Jesus-Christ inspireroit une doctrine dont le poison entre par tous les sens, & dont toutes les maximes ne tendent qu’à embraser les cœurs & les faire brûler d’une flamme criminelle ! […] Ce sera cette femme Chrétienne, qui renfermée dans l’enceinte de son domestique, éleve ses enfans dans la crainte de Dieu, laisse au Seigneur le soin de leur destinée, les aime tous d’une égale tendresse, ne leur marque d’autre place que celle où Dieu les appellera, ne s’abandonne point aux modes de luxe & de vanité, ne se trouve point dans les cercles de railleries & de médisances, ne s’assied point dans la Chaire du mensonge, ne paroît gueres qu’au Temple, & n’y va que pour y prier & y adorer, qui ne suit point les usages, les coûtumes, les maximes du monde, & qui par son rang & ses exemples donne du credit à la vertu. […] A Dieu ne plaise, mes Freres, que je veuille ici aigrir vos plaies, en voulant les guerir ; mon dessein est seulement de vous detromper de ces funestes erreurs, qui vous font croire qu’en suivant les Usages, les Coûtumes, les Maximes, & la multitude du monde, vous êtes dans la voie du salut. […] Je renonce aux maximes de ce monde trompeur : je déteste ses Loix : je ne veux point de commerce avec un Peuple qui vous méconnoît : j’ai en horreur les fausses Divinités qu’il respecte : les Idoles qu’il adore ne sont point des Dieux comme le nôtre : ils sont l’ouvrage de ses mains ; vous seul, ô mon Sauveur, mérités qu’on vous aime, qu’on vous serve, qu’on vous adore ; & les Loix corrompuës de Babilone n’ont rien de commun avec les saintes Loix de Jerusalem. […] Voilà le fruit que vous devés tirer de ce Discours : vivés dès à present comme si vous êtiés prêts de paroître devant vôtre Juge ; veillés pour vous preserver de la corruption du grand nombre, pensés sans cesse que ce grand nombre se danne : detestés ses maximes, méprisés ses usages, ne comptés pour rien ses coûtumes, & souvenés-vous que tous les Saints se sont separés au moins de cœur & d’affection de son commerce, pour ne s’attacher qu’à Jesus-Christ, ne suivre que ses Loix, ne craindre que lui, & n’aimer que lui.