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174. (1694) Réfutation d’un écrit favorisant la Comédie pp. 1-88

De-là toutes ces fictions, tous ces mariages des Dieux, ces descriptions de leurs folles passions : on orna les Théâtres de Décorations : on y ajouta la Danse ; les femmes parurent enfin sur le Théâtre : tout s’y ordonna ; tout s’y concerta pour émouvoir les passions des Spectateurs, et le désordre devint si grand, comme l’Auteur le dit lui-même d, que le Peuple à la fin des Spectacles, sortant des bornes de la droite raison, avec laquelle il était entré, demandait par une fureur brutale que les Comédiennes fussent dépouillées, pour rassasier leurs yeux d’une impureté criminelle. […] Ceux qui composaient ces Pièces croyaient avoir fait des merveilles quand ils avaient mis en Vers languissants une Histoire sérieuse : ils ne savaient ce que c’était que fiction : ils ne s’entendaient point à décrire des passions, et on n’y en voyait presque aucune en mouvement : les Pièces qui parlaient de mariage étaient tres rares, parce que c’est ce qu’ils représentaient plus mal. […] Si l’on me dit que c’est un amour légitime qu’on représente entre deux personnes qui veulent s’unir par le Mariage ; je dirai : Premièrement que ce n’est jamais un amour légitime, parce qu’il est toujours excessif et outré, la Comédie ne représentant jamais de passions calmes et modérées ; d’où vient qu’on fait toujours les Amants se plaindre des Dieux, qu’ils accusent d’injustice, et dire souvent d’autres blasphêmes, comme quand ils se servent du mot d’adorer, etc.

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