Bien des hommes ne sont guère plus sages, des vieux pécheurs usés par la débauche dont la concupiscence est encore bouillante, & les inclinations vicieuses, ils ressemblent à l’embrasement d’une maison, quand le feu y a cessé on voit long-temps des étincelles & des pointes de flammes percer à travers les cendres ; le feu y vit encore, mais il manque de matière ainsi le goût de la volupté vit encore, la force y manque. […] Moliere a mis une infinité de traits caractéristiques, grand nombre d’autres sont faux, étrangers, outrés ; ce n’est que la moitié de la peinture, son but est manqué, l’hypocrite n’est qu’ébauché. […] Moliere eût manqué son but s’il n’eut fait ressembler son imposteur aux hommes de bien ; on n’est hypocrite que pour avoir l’extérieur & l’apparence de la vertu qui cachent le vice, mais cette ressemblance tournée en ridicule, rend suspect le véritable homme de bien, & dégoûte de la vertu qui peut si aisément être suspecte ; quand ensuite Louis XIV la permit, il fit changer le nom de Tartuffe en celui d’Imposteur, parce que ce mot qui est de son invention est un de ces mots imitatifs qui peuvent s’appliquer au bien & au mal ; ce mot peint un homme doucereux & affecté, qui peut être bon ou mauvais, & qui fait une confusion dangereuse du vice & de la vertu.