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260. (1781) Lettre à M. *** sur les Spectacles des Boulevards. Par M. Rousseau pp. 1-83

Morus, Chancelier d’Angleterre, lorsqu’il s’écriait : « Le comble du malheur est de voir le luxe effréné, triompher insolemment aujourd’hui parmi nous. […] Mais si cette douceur, cette honnêteté tant rebattues, ne sont que des mors vagues, des expressions parasites, qui ne signifient rien à force d’être répétées sans cesse ; si par malheur les mœurs publiques sont corrompues, si les mœurs particulieres sont détestables, les notions du bien & du mal, changées, la Religion tournée en ridicule, la nature traitée de chimere, on n’a plus à chercher la cause de tant de forfaits multipliés, on la reconnaît dans ses effets. […] Quand les abus se sont multipliés, & que des hommes bien intentionnés veulent les réformer44, on attaque leurs principes, on cherche à les rendre suspects ; les Etres obscurs, les avares égoïstes, qui trouvent leur bien-être dans le malheur public, se déchaînent contr’eux : mais les vrais Citoyens, qui n’ont en vue que le bien, de la Patrie, s’élèvent au-dessus de toutes les considérations, & n’en cherchent pas avec moins de zèle & d’empressement, dans ce bien général, qu’ils opérent, leur propre bonheur, qu’ils fondent toujours sur celui de leurs semblables.

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