/ 311
210. (1694) Lettre d’un théologien « Lettre d'un théologien » pp. 1-62

Cela serait ridicule : et bien que par malheur il arrive un scandale, et qu’on en prenne occasion de pécher, c’est un scandale passif et non pas un scandale actif, (pardonnez-moi ces termes de l’Ecole) c’est une occasion prise et non pas une occasion donnée, qui est la seule qu’on ordonne d’éviter ; car pour l’autre il est impossible de s’y opposer, et quelquefois même de la prévoir. Telles sont les paroles de passions dont on se sert dans la Comédie : leur nature n’étant pas de les exciter, malheur à celui qui s’en sert pour un si mauvais usage. […] Ce qui me surprend, et qui paraît incroyable à tout le monde, c’est que vous fassiez de si beaux vers, et que vous possédiez la Langue Françoise dans sa plus exacte pureté, sans avoir aucune connaissance de la Latine : ce qui serait un malheur dans un autre, est ce que je trouve de plus heureux en vous : on ne peut vous reprocher que votre travail soit celui d’un autre ; et je ne sais rien de plus avantageux pour vous que d’écrire aussi bien que les Grecs et que les Latins, sans jamais avoir été à l’emprunt chez eux.

/ 311