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74. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VII. De la frivolité et de la familiarité. » pp. 150-162

On n'a jamais tant et si peu écrit, si bien et si mal ; tant, à compter les feuilles d'impression ; si peu, à peser la solidité des raisons ; si bien, si l'on ne cherche qu'à cabrioler ; si mal, si l'on désire de s'instruire. […] Il est vrai, et voilà le mal du genre dramatique ; il met dans la nécessité de donner de mauvais exemples, de composer et de jouer des rôles vicieux, de faire dire des sottises. […] La nécessité de faire mal que s'impose celui qui fréquente de mauvaises compagnies et se met dans l'occasion prochaine, justifiera donc le mal qu'il fait ? […] Il est très possible que dans le grand nombre des Orateurs qui ont paru en chaire ou au barreau, il s'en soit trouvé d'assez peu sages pour choisir de si mauvais modèles ; ils ont mal connu l'esprit et les devoirs de leur état, et c'est un nouveau grief contre la comédie d'avoir porté son haleine empestée jusqu'à faire profaner le sanctuaire de la religion et celui de la justice.

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