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70. (1759) Lettre d’un professeur en théologie pp. 3-20

Mais, si vous vous plaignez des 3 reproches d’impiété dont souvent on charge les Philosophes mal à propos, en leur attribuant des sentimens qu’ils n’ont pas, en donnant à leurs paroles des interprétations forcées, en tirant de leurs principes des conséquences odieuses qu’ils désavouent ; Mrs les Ministres de Genève, & plus encore les Protestans en général, ne sont-ils pas en droit de vous adresser les mêmes plaintes ? Vous convenez vous-même qu’en 4 matière de Religion plus qu’en aucune autre, c’est sur ce qu’on a écrit qu’on doit être jugé, & non sur ce qu’on est soupçonné mal à propos de penser ou d’avoir voulu dire : cependant, pour justifier l’accusation de Socinianisme que vous intentez aux Théologiens de Genève, vous déclarez les avoir jugés d’après des ouvrages, d’après des conversations publiques, où ils ne vous ont pas paru prendre beaucoup d’intérêt à la Trinité ni à l’Enfer, enfin d’après l’opinion de leurs Concitoyens & des autres Eglises Réformées. […] Si, mal informé de nos sentimens, vous nous avez fait tort dans l’esprit d’un public souvent mal instruit ; tâchez, je vous en conjure, de le réparer en nous rendant plus de justice.

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